Cancer du côlon : Deux publications majeures pour l’équipe MEPPOT

27/03/2025

Depuis la création de l’unité de recherche Médecine personnalisée, pharmacogénomique, optimisation thérapeutique (MEPPOT), l’équipe du Professeur Pierre Laurent-Puig se consacre à l’amélioration de la médecine personnalisée, notamment dans le domaine du cancer. Dans cette optique, l’équipe s’attache à découvrir de nouveaux biomarqueurs diagnostiques et pronostiques et enfin explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques pour optimiser la prise en charge des patients. Il est à noter qu’à ce jour, aucun biomarqueur n’est utilisé en pratique clinique pour guider la prise en charge thérapeutique du cancer du côlon.

C’est dans cette dynamique que l’équipe MEPPOT a récemment publié deux études majeures dans le Journal of Clinical Oncology, apportant de nouvelles données sur les facteurs pronostiques du cancer du côlon de stade III.
Gallois et al., 2025 et Taieb et al., 2025

Cancer du côlon : quelles options pour les patients aujourd’hui ?

Le cancer du côlon de stade III (CCSIII) se caractérise par l’atteinte des ganglions lymphatiques, nécessitant une prise en charge associant chirurgie et chimiothérapie adjuvante. Jusqu’à récemment, la durée standard de la chimiothérapie était de six mois. Cependant, pour les patients à faible risque (T1-3, N1), des études ont montré qu’une chimiothérapie réduite à trois mois permettait d’obtenir des résultats similaires en termes de survie, tout en limitant les effets secondaires.

Malgré ces avancées, la réponse au traitement varie considérablement d’un patient à l’autre. Certains sont guéris par la seule chirurgie, tandis que d’autres récidivent malgré la chimiothérapie. Cette hétérogénéité souligne la nécessité d’une stratification plus fine des patients afin d’optimiser la prise en charge thérapeutique.

Les nouvelles approches pronostiques : ADN tumoral circulant et Immunoscore

L’une des études de l’équipe MEPPOT confirme que l’ADN tumoral circulant (circulating tumor DNA ou ctDNA) est le facteur pronostique indépendant le plus puissant pour prédire la récidive du cancer du côlon et la survie globale après chirurgie du CCSIII. Le ctDNA permet notamment d’identifier les patients à faible risque qui pourraient éviter une chimiothérapie prolongée, et ceux à risque élevé nécessitant un traitement plus intensif.

Par ailleurs, l’Immunoscore, qui évalue l’infiltration immunitaire basée sur l’évaluation des cellules T CD3+ et CD8+ dans la tumeur et sa marge invasive, apporte des informations complémentaires, en particulier chez les patients ctDNA-négatifs. Une approche combinant ces deux biomarqueurs pourrait ainsi affiner les décisions thérapeutiques et personnaliser les traitements.

Cette première étude se distingue par un suivi exceptionnel de 80 mois, un critère clé qui renforce la robustesse des conclusions et ouvre de nouvelles perspectives dans ce type de recherche. 

Pour en savoir plus 👉  Taieb et al., 2025

Signatures transcriptomiques : nouvel outil de stratification des patients

La deuxième étude publiée explore les signatures transcriptomiques du microenvironnement tumoral et du cycle cellulaire. Grâce à l’analyse de cohortes de grande envergure, l’équipe MEPPOT a mis en évidence une expression différentielle de signatures du microenvironnement tumoral et du cycle cellulaire, déjà décrites dans d’autres cancers.

Un score élevé d’Oncotype-like et de macrophages M2, ainsi qu’une faible expression de CXCL13 et un faible score de cellules T, étaient associés à une récidive plus rapide (TTR plus courte). En croisant ces signatures avec les facteurs pronostiques connus, un modèle multivariable a été construit, permettant une meilleure stratification des patients.

L’utilisation de ces signatures comme outil diagnostique, croisé avec les résultats de la première étude, permettront de mieux prédire le risque de récidive et d’affiner les recommandations thérapeutiques.

Pour en savoir plus 👉 Gallois et al., 2025 

Vers une prise en charge personnalisée

Ces avancées renforcent l’idée que la médecine personnalisée est l’avenir du traitement du cancer du côlon. En intégrant des outils comme le ctDNA, l’Immunoscore et les signatures transcriptomiques, il devient possible d’adapter les traitements en fonction du profil de chaque patient, maximisant ainsi leurs chances de guérison. L’équipe MEPPOT poursuit ses recherches pour affiner ces modèles pronostiques et faciliter leur intégration en pratique clinique courante, dans l’objectif d’améliorer la prise en charge des patients.