Portraits de femmes du CRC : Catherine Sautès-Fridman, professeure émérite

16/02/2024

Pour célébrer la Journée internationale des Femmes et Filles de Science, le CRC vous présente chaque jour de la semaine le portrait d’une de ses femmes de science.

Catherine Sautès-Fridman est professeure émérite à Université Paris Cité et chercheuse au CRC. Elle codirige avec Hervé Fridman le groupe Immunothérapie et Cancer au sein de l’équipe Inflammation, Complément et Cancer.

  • Quelle est votre thématique de recherche?

J’étudie le microenvironnement immunitaire des tumeurs afin d’identifier des facteurs permettant de prédire la réponse des patients cancéreux aux traitements. Le groupe que je codirige avec mon mari est leader dans ce domaine.

  • Pouvez-vous décrire votre métier ?

Mon métier consiste à faire de la recherche à temps plein et ceci de manière bénévole car je suis retraitée. Je pourrais passer mon temps à faire bien d’autres choses, mais c’est la recherche que je préfère. Ce que j’aime dans ce métier, c’est de trouver des idées originales pour parvenir à être les premiers dans un domaine, travailler en équipe, former des étudiants, présenter les résultats lors de congrès et partager cela avec mon mari avec qui je travaille depuis presque un demi-siècle ! J’ai aussi adoré enseigner l’immunologie à l’université, et suis fière d’avoir éveillé des vocations pour cette discipline.

  • Une femme scientifique qui vous a inspirée, marquée ?

Je n’ai pas connu beaucoup de femmes dans ma discipline, il y en avait peu à l’époque qui travaillaient dans le domaine de l’immuno-oncologie. J’ai travaillé à l’Institut Curie où l’image de Marie Curie était très présente. Sa détermination, son intelligence, son dévouement et sa passion pour la science m’ont beaucoup impressionnée.

  • Une chose dont vous voudriez parler en tant que femme de science ?

Je me souviens de jugements de membres de commissions scientifiques qui, dans les années 70-80, lors de classements pour un poste ou une promotion, ajoutaient parfois des adjectifs qualifiant le physique des femmes. Cela m’énervait. J’ai lutté contre ce type de comportement quand j’ai moi-même été membre de commission. J’ai organisé une surveillance au niveau des comités d’organisation des congrès internationaux d’immunologie afin de faire pression pour accroitre la représentation des femmes. J’ai participé à la rédaction d’articles sur le sujet, et organisé des sessions spéciales « Women in immunology » qui étaient très riches en discussions. J’ai créé un prix pour récompenser la contribution des femmes immunologistes lorsque j’étais présidente de la Fédération européenne des sociétés d’immunologie. Quand j’auditionne des candidates pour des contrats ou des prix prestigieux, je suis heureuse de voir le professionnalisme et l’assurance de certaines d’entre elles, qui les placent dans les premiers rangs des classements.

  • Des aménagements, améliorations, évolutions qui faciliteraient la vie des femmes de science?

Il est important que les structures de garde d’enfants après l’école, comme cela existe actuellement, et pendant les vacances scolaires, se développent. Au quotidien, les hommes participent de plus en plus aux tâches ménagères et à la garde des enfants, et les congés maternité sont maintenant pris en compte dans l’évaluation des carrières. Il faut continuer dans cette direction. L’organisation de garderies d’enfants pendant les congrès serait un progrès.

  • Un mot clé ou un message dans ce contexte de la Journée des Femmes de Science?

Persévérer, ne pas se décourager, et transmettre : c’est un métier passionnant.