16/01/2020
Les résultats obtenus par Florent Petitprez au sein d’une collaboration internationale (1) menée par le Professeur Wolf Hervé Fridman du Centre de Recherche des Cordeliers et impliquant notamment en France l’équipe CIT* (Ligue Nationale Contre le Cancer) , l’Institut Bergonié à Bordeaux et le Groupe Sarcome Français, et publiés dans Nature, établissent pour la première fois un rôle important des lymphocytes B dans la réponse à l’immunothérapie de patients atteints de sarcome des tissus mous (2). Dans un deuxième article publié dans le même numéro, une équipe américaine, en collaboration avec l’équipe de Wolf Hervé Fridman, étend ces observations aux mélanomes et aux carcinomes du rein (3). Ces résultats ouvrent la voie à la personnalisation des traitements de ces cancers.
Les sarcomes des tissus mous sont un groupe hétérogène de cancers agressifs et résistants à la chimiothérapie. Seuls 15 % des patients répondent à l’immunothérapie, ce qui expose inutilement les autres patients à la toxicité de ces traitements. La question était donc d’identifier des marqueurs prédisant la réponse à l’immunothérapie. Pour ce faire, les chercheurs ont analysé une collection de 608 tumeurs, qu’ils ont classées en trois groupes sur la base de la composition de leur microenvironnement tumoral : les tumeurs immunologiquement pauvres, immunologiquement riches et d’autres fortement vascularisées.
L’analyse des tumeurs in situ a montré que la classe immunologiquement riche est caractérisée par la présence de structures lymphoïdes tertiaires, agrégats de différents types cellulaires, riches en lymphocytes B, au sein desquelles s’initie une réponse immunitaire anti-tumorale. Dans un essai clinique de phase 2, les patients de ce groupe ont montré un taux de réponse élevé (50 %) à l’immunothérapie par un anticorps anti-PD-1, le pembrolizumab ; ces patients ont de plus un taux de survie plus élevé que ceux des autres groupes.
Dans un objectif de médecine personnalisée, ces résultats pourraient aider à guider la prise de décision clinique et le traitement des patients grâce à un test fondé sur la présence de structures lymphoïdes tertiaires.
Ces observations sont élargies à deux autres types de cancers, le mélanome et le cancer du rein, dans un second article d’une équipe américaine (3), co-signé par l’équipe de Wolf Hervé Fridman. Un troisième article, d’une équipe suédoise, montre des résultats comparables pour les mélanomes (4).
Ces résultats montrent que, en plus des lymphocytes T habituellement étudiés, les lymphocytes B sont essentiels dans la réponse à l’immunothérapie pour certains cancers. Ils apportent un nouvel espoir pour le traitement des sarcomes des tissus mous, cancers particulièrement résistants aux thérapies classiques. Sur la base de ces résultats, un essai clinique multicentrique français, sélectionnant les patients traités sur la présence de structures lymphoïdes tertiaires, est actuellement en cours au sein du Groupe Sarcome Français, coordonné par le Pr Antoine Italiano (Institut Bergonié, Université de Bordeaux, co-auteur de l’article).
* : Carte d’identité des tumeurs
(1) Avec les équipes d’Aurélien de Reyniès (Carte d’Identité des Tumeurs, Ligue Nationale Contre le Cancer, Paris) et d’Antoine Italiano (Institut Bergonié, Bordeaux), la National Taïwan University à Taïpei et le MD Anderson Cancer Center à Houston (USA).
(2) B cells are associated with sarcoma survival and immunotherapy response, Nature in press.
F. Petitprez, et al. Nature Jan. 15, 2020
https://www.nature.com/articles/s41586-019-1906-8(3) B-cells and tertiary lymphoid structures promote immunotherapy response.
B.A. Helmink et al. Nature Jan. 15, 2020
https://www.nature.com/articles/s41586-019-1922-8(4) Tertiary lymphoid structures improve immunotherapy and survival in melanoma, R. Cabrita et al. Nature Jan. 15, 2020
https://www.nature.com/articles/s41586-019-1914-8