21/03/2025
Dans le cadre de son programme SIGN’IT, qui soutient la recherche sur la réponse des patients aux immunothérapies, la Fondation ARC en collaboration avec le Centre de Recherche des Cordeliers a récemment organisé une rencontre privilégiée entre Didier Jean et les donateurs du programme SIGN’IT.
Un moment d’échange essentiel pour souligner l’importance concrète de l’engagement des donateurs dans la recherche de demain et mieux comprendre les enjeux de ce projet pour l’avenir de l’immunothérapie et de la prise en charge du cancer de la plèvre.
Le soutien du programme SIGN’IT de la Fondation ARC
Si le cancer de la plèvre demeure de mauvais pronostic, un certain espoir a été suscité depuis 2021 par l’accès à une double immunothérapie. Pourtant, cette nouvelle approche thérapeutique ne bénéficie pas à tous les malades et restent parfois mal tolérée. Le défi scientifique aujourd’hui est de mieux prédire quels patients répondront favorablement à ces traitements. C’est précisément l’objectif du projet coordonné par Didier Jean, chercheur au CRC, sélectionné en 2024 pour le programme SIGN’IT – Signatures en immunothérapie – de la Fondation ARC.
Ce programme pionnier en Europe soutient chaque année des projets visant à identifier des « signatures prédictives » capables de mieux guider l’utilisation des immunothérapies chez les patients atteints de cancer. Le projet de Didier Jean bénéficie d’un financement sur trois ans, à hauteur de 600 000 euros.
Quelles thérapies pour le Mésothéliome pleural ?
Spécialiste du mésothéliome pleural, ou cancer de la plèvre, Didier Jean dirige le groupe « Mésothéliome » au sein de l’équipe « Génomique Fonctionnelle des Tumeurs Solides », dirigée par la Professeure Jessica Zucman-Rossi. Le projet qu’il coordonne vise à identifier des biomarqueurs capables de prédire la réponse des patients atteints de mésothéliome à une double immunothérapie.
Ce cancer rare, dont le principal facteur de risque est l’exposition à l’amiante, reste aujourd’hui difficile à traiter. Le diagnostique généralement à un stade avancé, son agressivité et sa déclaration tardive (60-70 ans) en font un cancer de mauvais pronostic.

L’introduction récente d’une double immunothérapie anti-PD1 (ipilimumab) et anti-CTLA4 (nivolumab), ciblant des inhibiteurs des points de contrôle immunitaire, a ouvert une voie prometteuse. Un allongement de la survie a été mis en évidence en comparaison au traitement de chimiothérapie, toutefois les résultats restent variable selon les patients.
Prédire les patients qui ont un bénéfice de survie
Mieux comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents à l’immunothérapie pourrait améliorer la prise en charge et permettre une médecine plus personnalisée.
Pour atteindre cet objectif, Didier Jean et ses collaborateurs1 analyseront les tumeurs de 150 patients2 atteints de mésothéliome pleural et traités par double immunothérapie. Ils s’appuieront sur plusieurs axes de recherche principaux :
Les caractéristiques moléculaires :
Grâce à des techniques de séquençage de nouvelle génération, l’analyse transcriptomique de ces tumeurs permettra de déterminer l’expression différentielle des ARN messagers, mettant en évidence des signatures prédictives et spécifiques des patients répondants et non-répondants.
L’analyse épitranscriptomique, quant à elle mettra en évidence de potentielles anomalies ribosomiques et par conséquence dans la synthèse protéique. Ces altérations ayant déjà été découvertes dans d’autres types de cancers.
L’étude du microenvironnement tumoral :

Afin de caractériser l’ensemble des populations cellulaires présentes au sein de la tumeur, l’équipe s’appuiera sur la technologie single-cell RNAseq pour étudier l’expression des ARNm individuellement.
Enfin, utilisant des outils innovants en spatiolomic, l’étude conjointe de la transcriptomique et la protéomique sur coupes de tumeurs permettra de localiser précisément les différentes populations cellulaires dans le microenvironnement tumoral.
In fine, les chercheurs sélectionneront sept biomarqueurs prometteurs, dont la pertinence sera validée par des analyses complémentaires en immunohistochimie multiplexe sur coupes de tumeurs.
À terme, ce projet pourrait permettre d’identifier une signature prédictive de la réponse aux immunothérapies, ouvrant la voie à des traitements plus ciblés et potentiellement plus efficaces pour les patients atteints de mésothéliome. En parallèle, les chercheurs espèrent acquérir de nouvelles connaissances fondamentales sur la biologie de ce cancer rare, pour mieux comprendre ses mécanismes et explorer de nouvelles pistes thérapeutiques.
Une rencontre pour découvrir les enjeux de ce projet de recherche
C’est dans ce contexte que les donateurs de la Fondation ARC ont été conviés à une rencontre privilégiée au CRC pour mieux comprendre les avancées et les perspectives du projet mené par Didier Jean et son équipe et soutenu par le programme SIGN’IT.
Ils ont eu le plaisir de rencontrer et d’écouter Jessica Zucman-Rossi, directrice du centre, et Didier Jean, qui leur a présenté les enjeux et objectifs de ce projet. Les donateurs ont également eu l’opportunité de visiter les laboratoires de recherche, où ils ont pu échanger directement avec les membres de l’équipe et découvrir différents types d’expérimentations conduites dans le cadre de ce projet.
Une immersion au cœur du processus de recherche, permettant d’illustrer concrètement l’impact de leur engagement sur les découvertes de demain.
- Le projet coordonné par Didier Jean mobilise une équipe multidisciplinaire, composée d’experts de renom dans le domaine des cancers thoraciques et de leur prise en charge :
Dr Jean-Baptiste Assié, pneumologue (Centre de Recherche des Cordeliers / CHIC, Créteil)
Pr Sylvie Lantuejoul, anatomo-cyto-pathologiste (Centre Léon Bérard, Lyon) et responsable de la tumorothèque nationale MESOBANK
Pr Diane Damotte, anatomo-cyto-pathologiste (Centre de Recherche des Cordeliers / Hôpital Cochin – APHP, Paris)
Pr Arnaud Scherpereel, pneumologue (CHU de Lille) et responsable du réseau NETMESO
Pr Laurent Greillier, pneumologue (Hôpital Nord, APHM, Marseille), pour le Groupe Français de Pneumo-Cancérologie (GFPC) ↩︎ - Patients suivis au sein de « cohortes de vraie vie », constituées par le Groupe Français de Pneumo-Cancérologie (GFPC).
Les échantillons tumoraux ont été collectés par la tumorothèque nationale MESOBANK qui fait partie du réseau national NETMESO de prise en charge du mésothéliome pleural. ↩︎